ƒ Ubuntu | Carnet de vie

Ubuntu

Nelson Mandela



Le terme ubuntu est un concept présent dans les langues bantoues. « respect, serviabilité, partage, communauté, générosité, confiance désintéressement. Un mot peut avoir tant de significations. C'est tout cela l'esprit d'ubuntu. Il ne signifie pas que les gens ne doivent pas s'occuper d'eux-mêmes. La question est donc, est-ce que tu vas faire cela de façon à développer la communauté autour de toi et permettre de l'améliorer ? Ce sont les choses importantes dans la vie. Et si on peut faire cela, tu as fait quelque chose de très important qui sera apprécié ».



Cette phrase est de l'ancien président sud-africain, Nelson Mandela. Il a adhéré à l'éthique et à la philosophie de cette notion, avec laquelle, dit-on, il a été élevé. Ce mot des langues bantoues non traduisibles directement, exprime la conscience du rapport entre l'individu et la communauté et est souvent résumé par Mandela avec le proverbe zoulou « qu'un individu est un individu à cause des autres individus » ou comme défini par l'infatigable homme d'église Desmond Tutu, « mon humanité est inextricablement liée à ce qu'est la vôtre ». Une notion de fraternité implique compassion et ouverture d'esprit et s'oppose au narcissisme et à l'individualisme.

Il a été remis au goût du jour avec la fin de l'Apartheid en Afrique du Sud. En 1995, la Commission vérité et réconciliation était menée par Mgr Desmond Tutu. Elle se donnait pour objectif de procéder à des amnisties individuelles aux auteurs de violations des droits de l'homme. En échange, ceux-là s'engageaient à révéler l'intégralité de leurs actions. Une situation unique en son genre en Afrique.

« Quelqu'un d'ubuntu est ouvert et disponible pour les autres, dévoué aux autres, ne se sent pas menacé parce que les autres sont capables et bons car il ou elle possède sa propre estime de soi qui vient de la connaissance qu'il ou elle a d'appartenir à quelque chose de plus grand, et qu'il ou elle est diminué(e) quand les autres sont diminués ou humiliés, quand les autres sont torturés ou opprimés », explique Desmond Tutu.

(…)

Il ne sert à rien de se prendre pour de grands hommes sans avoir le courage de les prendre en exemple. Pour paraphraser le biographe François Dosse, les sens d'une vie de soi, et tout ce qu'on fait, se lisent dans le regard des autres. Quant aux amateurs de culte de personnalité, l'histoire leur a réservé une place qui ne mérite pas qu'on se bouscule au portillon pour y siéger.

Jao Patricius 

Source : Newsmada



Mandela : les discours entrés dans l'Histoire

L'ancien président de l'Afrique du SudNelson Mandela, est mort jeudi 5 décembre à l'âge de 95 ans. Depuis 1999, le héros de la lutte contre l'apartheid s'était retiré de la vie publique, ne faisant que de rares apparitions. En 2003 pourtant, il était sorti de son silence pour commenter l'action de George W. Bush, « un président qui ne sait pas réfléchir », et condamner le lancement de l'attaque en Irak. Car tout au long de sa vie, la parole fut la plus grande arme de Nelson Mandela.

  • 20 avril 1964, procès de Rivonia : « Un idéal pour lequel je suis prêt à mourir »
Depuis près de deux ans, Nelson Mandela est en prison, condamné pour avoir incité des gens à se mettre en grève pour protester contre les politiques de ségrégation raciale. Mais le 20 avril 1964, Nelson Mandela répond cette fois de chefs d'accusation plus graves : sabotage, haute trahison et complot. Aux côtés de 19 dirigeants de l'ANC, le leader du parti politique est le premier à prendre la parole dans le tribunal de Pretoria. Dans un discours de près de 30 minutes, il raconte à l'assemblée la genèse et les motivations de son engagement politique, esquissant les prémices de la future « Nation arc-en-ciel ».
« La souffrance des Africains, ce n'est pas seulement qu'ils sont pauvres et que les blancs sont riches, mais bien que les lois qui sont faites par les Blancs tendent à perpétuer cette situation. (...) Par dessus tout, nous voulons des droits politiques égaux, car en leur absence notre handicap sera permanent. Je sais que cela paraît révolutionnaire aux Blancs de ce pays, car la majorité des électeurs seront des Africains. Ce qui fait que les hommes blancs craignent la démocratie. Mais cette peur ne doit pas se placer au travers de la voie de la seule solution qui garantira l'harmonie raciale et la liberté pour tous. Ce n'est pas vrai que le droit de vote pour tous se traduira par une domination raciale. Le clivage politique fondé sur la couleur de la peau est totalement artificiel et quand il disparaîtra, dans un même mouvement la domination d'un groupe de couleur sur un autre sera éliminée.
Au cours de ma vie, je me suis consacré à cette lutte des peuples africains. J'ai combattu contre la domination blanche et j'ai combattu contre la domination noire. J'ai chéri l'idéal d'une société libre et démocratique dans laquelle tout le monde vivrait ensemble en harmonie et avec des chances égales. C'est un idéal pour lequel j'espère vivre et que j'espère accomplir. Mais si nécessaire, c'est un idéal pour lequel je suis prêt à mourir. »
A l'issue de ce procès, Nelson Mandela est condamné à la prison à vie. Il restera vingt-sept ans derrière les barreaux, sous le matricule de prisonnier 46 664. 
  • 13 février 1990, la libération : « L'apartheid n'a pas d'avenir »
La foule attend, impatiente, les premiers mots du plus vieux prisonnier politique du monde, qui a quitté deux jours plus tôt la prison Victor Verster de Paarl. Depuis le balcon de l'hôtel de ville du Cap, Nelson Mandela rompt un silence de vingt-sept années. Dans une adresse formulée à la première personne, il remercie tour à tour toutes les composantes de la société sud-africaine, celles-là même qu'il lui faudra réussir à réunifier pour obtenir la paix du pays, encore régi par les lois de l'apartheid. 
« Je suis ici devant vous non pas comme un prophète mais comme votre humble serviteur. C'est grâce à vos sacrifices inlassables et héroïques que je suis ici aujourd'hui. Je mets donc les dernières années de ma vie entre vos mains. (...) Aujourd'hui, la majorité des Sud-Africains, noirs comme blancs, reconnaissent que l'apartheid n'a aucun avenir. Ce système doit être aboli d'un commun accord afin de reconstruire la paix et la sécurité. (...) La situation qui nous avait poussée à prendre les armes existe toujours aujourd'hui. Nous n'avons pas d'autre choix que de continuer
Notre lutte a atteint un moment décisif. Nous appelons notre peuple à saisir cette opportunité, afin que nous puissions accéder rapidement à la démocratie. Nous avons attendu trop longtemps notre liberté. Nous ne pouvons plus attendre davantage. C'est le moment d'intensifier notre combat sur tous les fronts. Relâcher nos efforts à présent serait une erreur que les générations qui nous suivront ne nous pardonneraient pas. La vision de la liberté, qui point à l'horizon, devrait tous nous encourager à redoubler nos efforts.
Notre marche vers la liberté est irréversible. Nous ne pouvons pas laisser la peur l'emporter. Le suffrage universel dans une Afrique du Sud démocratique, unie et non raciale est notre seule voie vers la paix et l'harmonie entre les peuples. »
Sous les applaudissements de la foule, Nelson Mandela conclura son discours en citant les derniers mots de sa plaidoirie de 1964. « Ils sont toujours aussi vrais aujourd'hui qu'ils l'étaient à l'époque », martèle l'homme, se disant de nouveau« prêt à mourir pour cet idéal ».

Le comité suédois décerne en 1993 le prix Nobel de la Paix à Nelson Mandela et au président sud-africain Frederik de Klerk pour l'abolition de l'apartheid, en juillet 1991. A l'hôtel de ville d'Oslo, Nelson Mandela choisit notamment de rendrehommage à la mémoire de Martin Luther King.
« Nous sommes ici aujourd'hui pour représenter les millions de personnes qui ont osé se soulever contre un système social dont l'essence profonde était la guerre, la violence, le racisme, l'oppression, la répression, et l'appauvrissement de tout un peuple. (...) Ces innombrables humains, à la fois à l'intérieur et en dehors de l'Afrique du Sud, ont eu la noblesse d'esprit de s'opposer à la tyrannie et à l'injustice, sans chercher leur gain personne. Ils ont compris qu'une blessure faite à une personne est une blessure faite à l'humanité, et ont agi ensemble pour défendre la justice et le sens commun de la décence humaine.
Notre récompense ne se mesurera que par la paix joyeuse qui triomphera un jour, car l'humanité qui unit les blancs et les noirs en une seule et même race nous permettra de vivre un jour tels des enfants du paradis. Ainsi vivrons-nous, car nous aurons créé une société qui reconnaît que tous les hommes naissent égaux, et que tous ont le droit à la vie, à la liberté, à la prospérité, aux droits humains et à une bonne gouvernance. Une telle société n'autorisera plus jamais que certains soient faits prisonniers à cause de leurs idées. (...)
Qu'il ne soit jamais dit par les générations futures que l'indifférence, le cynisme et l'égoïsme nous ont empêchés d'être à la hauteur des idéaux humanistes. Que chacune de nos aspirations prouve que Martin Luther King avait raison, quand il disait que l'humanité ne peut plus être tragiquement liée à la nuit sans étoiles, du racisme et de la guerre. Que les efforts de tous prouvent qu'il n'était pas un simple rêveur quand il parlait de la beauté de la véritable fraternité et de la paix, plus précieuse que les diamants en argent ou en or. »

  • 10 mai 1994, l'investiture : « Une nation arc-en-ciel en paix avec elle-même et avec le monde »
Le 27 avril 1994, Nelson Mandela est élu à la tête de l'Afrique du Sud, avec 62,2 % des voix. Nelson Mandela prête serment, devenant le premier président noir de l'Afrique du Sud, après quatre longues et difficiles années de négociations avec la minorité blanche.
« De l'expérience d'un désastre humain inouï qui a duré beaucoup trop longtemps, doit naître une société dont toute l'humanité sera fière. Nous, le peuple d'Afrique du Sud, nous sentons profondément satisfaits que l'humanité nous ait repris en son sein, et que le privilège rare d'être l'hôte des nations du monde sur notre propre terre nous ait été accordé, à nous qui étions hors la loi il n'y a pas si longtemps.
Le temps est venu de panser nos blessures. Le moment est venu de réduire les abîmes qui nous séparent. Le temps de la construction approche. Nous avons enfin accompli notre émancipation politique. Nous nous engageons à libérer tout notre peuple de l'état permanent d'esclavage à la pauvreté, à la privation, à la souffrance, à la discrimination liée au sexe ou à toute autre discrimination. Nous avons réussi à franchir le dernier pas vers la liberté dans des conditions de paix relative. Nous nous engageons à construire une paix durable, juste et totale.
Nous avons triomphé dans notre effort pour insuffler l'espoir dans le cœur de millions de nos concitoyens. Nous prenons l'engagement de bâtir une société dans laquelle tous les Sud-Africains, blancs ou noirs, pourront marcher la tête haute sans aucune crainte au fond de leur cœur, assurés de leur droit inaliénable à la dignité humaine – une nation arc-en-ciel en paix avec elle-même et avec le monde. 
Le soleil ne se couchera jamais sur une réussite humaine si glorieuse. »
En mai 1999, Mandela se retire au terme d'un seul mandat.

Source : LeMonde

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